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L'aspect humain

Apprendre à mettre ses limites personelles

Par
Marie-France Côté Nolet
2020-11-07
Apprendre à mettre ses limites personelles - Les Filles de la construction

Notre aventure de construction nous a confronté plus que jamais à un de nos problèmes de vie : notre difficulté à mettre ses limites personnelles. C’était quelque chose de particulièrement difficile pour moi. J’avais beaucoup de difficulté avec les confrontations et et une grande peur de ne pas me faire aimer qui faisaient en sorte que dire non, tenir mon bout dans une négociation désagréable ou simplement refuser de payer une facture déraisonnable allait contre toutes mes habitudes.

J’étais plus du genre à ne rien dire lorsque quelque chose me mettait profondément mal à l’aise, à faire de l’anxiété et devenir passive-agressive, et finalement à exploser pour un détail. Je ne me sentais pas respectée et j’avais l’impression de me faire avoir à tous les coups en essayant d’être gentille et de bien faire les choses. On va se le dire, ça n’aidait en rien la situation et n’était pas positif pour les relations non plus.

Notre projet a été un incroyable défi et a repoussé toutes nos limites en même temps. Nous avions deux choix : paniquer et crouler sous le poids de l’anxiété, ou nous botter les fesses, identifier clairement les valeurs que nous voulions respecter ainsi que nos limites personnelles à chacun, et accepter qu’on ne ferait jamais plaisir à tout le monde et que, tant que nous étions intègres envers nous-même, ce n’était pas important qu’on nous aime.

Nous avons décidé de prendre la deuxième option. C’est un défi constant, parce que ça va à l’encontre de dizaines d’années de conditionnement, mais nous nous rendons déjà compte que ça diminue beaucoup la charge émotionnelle de nos décisions et que ça facilite les interactions.

Ça ne fait pas plaisir aux gens qui avaient pris l’habitude de nous piler sur les pieds et d’utiliser le fait que nous voulions être des bons propriétaires et des bons clients pour tirer la couverte de leur bord. Nous voulons toujours être des bons propriétaires et des bons clients, mais ce n’est pas nécessairement synonyme de faire tout ce qu’on nous demande. Plus souvent, ça veut dire être à l’écoute de ce que nous avons besoin et d’être clair et ferme.

Mettre ses limites personnelles clairement dès le début

Si vous avez la chance de lire cet article avant que vos limites soient dépassées, vous pourrez peut-être éviter d’en arriver là en fixant des limites personnelles claires dès le début. Ce n’est pas toujours nécessaire de les communiquer, bien que souvent ça aide, mais si au moins vous le savez, ça facilitera toutes les décisions qui suivront.

Il y a certaines limites que nous avons mis en cours de route que nous aurions dû mettre dès le début. Entre autres : ne pas accepter de payer une facture si les dépenses n’ont pas été préalablement approuvées; ne pas accepter une augmentation de coûts sous pression, suivre les directives de la régie du logement pour déterminer quoi accorder ou non aux locataires, etc…

Être intègre envers sois-même

Lorsque vous vous sentez inconfortables dans une situation, prenez le temps d’identifier ce qui vous dérange, et soyez le plus honnête possible envers-vous même. Dans mon cas, j’avais souvent l’impression qu’on abusait de ma bonne volonté. Au lieu de réagir directement à ça, en vous fâchant ou en refoulant l’émotion, tentez de trouver une solution avec laquelle vous vous respectez.

Identifier ses distorsions cognitives

Lorsque vous devenez émotif par rapport à quelque chose, vous êtes généralement au prise avec une distorsion cognitive qui vous empêche d’avoir une vision claire de la situation, comme la pensée du tout ou rien ou la généralisation à outrance. À titre d’exemple, lorsque j’ai peur de déplaire à quelqu’un, j’imagine que la personne ne m’aimera pas, que ne mérite pas d’être aimée et que personne d’autre ne va m’aimer non plus.

Si vous trouvez que c’est lourd, vous avez absolument raison, et ça n’aide surtout pas à prendre des bonnes décisions. En identifiant vos distorsions cognitives et en les rationalisant, vous leur enlevez beaucoup d’emprise et vous pouvez prendre des décisions plus réfléchies. Vous pouvez trouver une liste des différentes distorsions cognitives ici.

“Agree to disagree”

L’une de mes expressions anglophones que je suis incapable de traduire comme il faut : soyez d’accord sur le fait de ne pas être d’accord. (?) Beaucoup de gens essaieront de vous convaincre qu’ils ont raison et que leur façon de penser est la bonne. Vous pourriez essayer de les convaincre que votre façon de penser est la bonne également.

Lorsque vous êtes aux prises avec des valeurs, des objectifs et des intérêts différents, ce qui est généralement le cas dans une relation contracteur-client et locataire-propriétaire, vous avez peu de chance de vous mettre d’accord. C’est correct. Tant que de votre côté vous êtes à l’aise avec les limites personnelles que vous avez établi et que les décisions que vous prenez respectent vos valeurs, vous n’avez pas besoin de convaincre votre interlocuteur que vous avez raison.

Rester respectueux

Quand vous êtes piqué, c’est facile de prendre les nerfs et de dire ou d’écrire des choses qui augmentent l’ampleur du conflit plutôt que de l’atténuer. Prenez le temps d’évaluer vos émotions et de redevenir calme avant de composer une réponse courte et sans flafla.

Évitez de rentrer dans la critique, de dévaloriser le travail de l’autre ou de vous justifier, même si c’est tentant. Ça ouvre d’autres chemins de conflit et ça enlève du poids au point que vous voulez faire. Après la réception d’un courriel désagréable, ça peut être une bonne idée d’écrire un premier jet et d’attendre au moins 24 heures pour le relire avant de l’envoyer.